1236 - Quand vacillent les lucioles… (9)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Quand vacillent les lucioles…

 

Juin à Paris

(Journal extime, 22-28 juin 2021)

9

Dimanche 27

Matin

Duncan est légèrement en avance. Il me prévient qu’il se trouve devant Holly Jolly, qu’il s’y trouve beaucoup de monde et qu’il m’attend. Au moment où je m’apprête à lui répondre, je m’aperçois qu’il me fait littéralement face. Il arbore une barbe bien soignée et des lunettes. Il m’explique que c’est en fait qu’il fait virtuellement la queue : quarante-cinq personnes sont en attente avant de pouvoir s’installer mais nous en serons avertis. Nous allons donc dans un café proche en attendant.

Il revient de Séville. Il me montre une photographie de l’Alcazar où, au centre du magnifique plafond en dôme du Salon de Embajarodes [?], est planté un détecteur de fumée. Je conviens bien volontiers avec lui que ce n’est pas du meilleur effet esthétique… Il a visité les lieux en compagnie d’amis, dont l’un, qui travaille au musée d’Orsay, a signalé l’objet incongru (je me dis que je vérifierai sur l’album photographique, mais je ne souviens pas avoir remarqué pareille présence indiscrète…).

[photo : 28 février 2018]

[photo : 28 février 2018]

[photo : Internet]

[photo : Internet]

Après avoir assez longtemps devisé sur ma santé — il ignorait naturellement l’accident cérébral vasculaire dont j’ai été victime en mai 2020 — et sur celui de ma mère, il me parle assez longuement de son travail, lequel l’occupe quinze heures au quotidien. Il a reçu quatre cents courriels durant les cinq jours où il était parti. J’apprendrai ensuite qu’il a quitté [telle entreprise de téléphonie]  [pour telle autre entreprise].

Il a également déménagé. Il loue un appartement de 50 m2 pour un loyer de 800 €, charges comprises, près de la Porte de la Chapelle [?]. Il dit bien gagner sa vie (plus de 3500 €, d’après mes recoupements). Il se dit en recherche d’une autre entreprise, et avoir été contacté par Enedis, Air France…

Il raconte aussi s’être trompé en réservant pour un trajet vers Strasbourg, durant lequel il a raté sa correspondance, ce qui a valu de faire une halte Place S**** à ****. Il dit avoir la nostalgie de la ville, où il a séjourné quelques années — et s’était fait des amis.

 

Vers 12 heures 15, il reçoit “une alerte” : notre table est prête et nous pouvons en disposer.

Sur place, impossible lui est de se connecter et, par conséquent, d’obtenir le “Code QR” nécessaire à la commande de nos plats. On nous apporte un menu papier. Nous prenons beaucoup de temps, tout en discutant, à nous décider et commander. Je demande une bière “IPA” — seul choix possible, en vérité, mais je la trouverai assez bonne.

L’assiette composée qu’on me sert, inspirée de la cuisine mexicaine est bonne aussi, à ceci près qu’agrémentée peut-être trop de pâte d’haricots noirs.

 

J’ai oublié de quoi nous avons pu deviser entre deux fourchetées. D’ailleurs, je n’entends pas toujours ce que Duncan me dit du fait du bruit ambiant — et n’ai cure de lui faire répéter.

En attendant le dessert, il m’expose toutefois avoir prévu une opération assez lourde afin de se faire refaire l’occlusion de la mâchoire. L’opération nécessitera quatre semaines d’arrêt ensuite. Pour l’heure, il a entamé une reconstruction buccale : un dispositif a été mis en place, lequel permet que pivotent d’un quart de tour les dents. Kinésithérapie et orthophonie sont prévues ensuite. Il plaisante sur le zézaiement qu’il avait déjà auparavant, lequel risque de s’accentuer. Je le trouve bien endurant, et j’ignore si j’aurais envisagé de telles opérations.

 

Il nous reste un peu de temps ensuite, et nous marchons, après que Duncan a récupéré son vélo, en direction de la Place de la République. Nous prenons un autre verre en attendant l’heure où je devrai partir afin de rejoindre Aymeric au musée Guimet.

Ce dont nous parlons alors concerne essentiellement les projets d’avenir de Duncan — à partir desquels j’ai pu déjà reconstituer des bribes de ce que j’ai pu écrire auparavant ici. C’est peut-être à ce moment-là, ou peut-être au moment de notre premier verre, qu’il m’a dit s’être vacciné, afin d’inciter ses parents, déjà âgés et à son sens exposés au virus, à le faire.

Nous nous quittons en prenant date avant que trois autres années se soient écoulées…

 

 

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