1269 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas une maladie… (23)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si tant est que ce ne soit (toujours) pas

une maladie

Carnets d'un rescapé

(Journal extime)

Work in progress

 

23

 

Lundi 30 novembre 2020

L’orthophoniste dit mon état « stationnaire ». Précisément, cette stase me contrarie beaucoup.

Mon père laisse un message sur mon répondeur. Ma mère ne serait désormais visible qu’une fois par quinzaine, et les tests pour les visiteurs, recommandés.

T. propose de nous voir le lendemain chez lui.

 

Mardi 1 décembre

Matin

A l’issue du cours de gymnastique, Simone ne propose pas de prendre un café, et je m’en sens frustré.

 

Après-midi

Nous prenons un plaisir évident à boire des bières chez T., sans contrainte ni de temps ni d’espace. Mes souvenirs de son appartement étaient quelque peu déformés : j’avais rétréci toutes les pièces (sauf sa chambre, de fait très petite).

T. me raccompagne ensuite sur une bonne moitié de chemin. Il viendra sans doute, dit-il, chez moi la prochaine fois.

 

Soir

Claudie téléphone. Je réponds. Elle me dit en être étonnée. La conversation se prolonge durant une heure.

Elle a adopté un chat. Elle évoque à un moment sa rupture avec Christiane, me rappelant qu’elle avait séjourné brièvement chez moi, ce que je ne me rappelais plus du tout. Je me dis à nouveau que je suis peut-être ingrat à l’égard de Claudie, qui se montre toujours chaleureuse au fond (mais pourquoi — la question me revient alors — a-t-il fallu [?] qu’elle demeure silencieuse si longtemps ?). Elle évoque aussi Florence, avec laquelle elle a parlé récemment. Je ne dis mot, même si j’appréciais Florence. Pour le reste, la conversation obéit aux préoccupations coutumières de Claudie : élèves, roman familial, compagnes, solitude choisie (?) et littérature. La bonne opinion qu’elle a d’elle m’étonne toujours.

Elle me demande des nouvelles de mes parents, entame un éloge de mon père, qui se serait montré particulièrement délicat à son égard au moment où j’étais à l’hôpital. Elle ne sait naturellement pas que je l’avais alors dépêché auprès d’elle — ce qui, malgré tout, ne diminue en rien la portée de ses compliments. (Je m’en veux un instant de la peine que je lui ferais peut-être si elle avait connaissance un jour de ces lignes.)

J’abrège notre téléphonage : peut-être devrions-nous nous voir. Elle me dit qu’elle prendra contact « par SMS » à ce sujet. Pourquoi, avec elle, tout paraît-il si difficile, si peu spontané ?

 

Mercredi 2 décembre

F. G. — il a presque une heure de retard — vient mettre une dernière main aux finitions de son chantier demeuré en souffrance. Et, bien sûr, il repère une fuite au robinet au lavabo dont il vient de se servir pour rincer le rouleau grâce auquel il a opéré une retouche de peinture au plafond…

Sa présence m’est cependant toujours agréable (!). Je lui avoue — puisqu’il s’en enquiert — mon découragement au sujet de cette récidive de confinement…

 

Jeudi 3 décembre

Matin

C’est en reprenant de mêmes exercices chez l’orthophoniste que je m’aperçois de progrès accomplis. Et je constate mêmement des améliorations quant à des déductions logiques, dont je trouve avec plus d’aisance les solutions. La parole s’avère plus fluide sans doute aussi parce que je n’ai pas parlé de la journée. En revanche, la remémoration est parfois défaillante quand il s’agit de restituer en changeant de catégorie des termes précédemment énoncés (bégonia, lézard, chou, instituteur… = fleur, reptile, légume, métier…).

 

Après-midi

Ma mère va indéniablement mieux. Elle est d’ailleurs très souriante. Elle parvient à boire le café que j’ai apporté. Mon père lui rase les jambes.

 

Soir

Je regarde la seconde moitié de Petite Fille de Sébastien Lifshitz.

1269 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas  une maladie… (23)

J’avais vu auparavant à la télévision le réalisateur qui présentait son film — et qui m’avait paru étrangement gourmé.

Vendredi 4

J’ai invité mon père de juriste à déjeuner. Nous prenons, lui et moi, un temps infini à renouveler le registre des copropriétés, qui se gère désormais par les voies électroniques.

 

Samedi 5

Invité — cette fois — par mon père.

Il veut que j’emporte un tapis, mais j’argue qu’il est parfait chez lui.

Je reviens néanmoins avec un vase chinois et un miroir.

 

 

 

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