513 - Parallèlement (journal extime) (11)

Publié le par 1rΩm1

 

Parallèlement : Paris-Marrakech-Paris (journal extime)

5 mars – 14 mars 2014

 

Mardi 11 mars

Je visite le matin de nouveau le palais royal : nichent là plus de cigognes encore que lorsque j’y étais venu.

 

(2006)

(2006)

L'endroit, qui m’avait déçu, retient davantage mon attention cette nouvelle fois.

Des installations ici ou là s’intègrent non sans charme dans le lieu — et toujours ces cigognes juchées sur quelque hauteur, qui paraissent indifférentes aux activités humaines, sauf (paraît-il) lorsqu’on s’approche trop des cigogneaux.

Il s’y trouve aussi beaucoup moins de monde…

(2014)
(2014)

(2014)

Je retourne l’après-midi visiter Dar Tiskiwin. Et c’est plutôt l’inverse qui se produit : j’en avais gardé un meilleur souvenir (encore était-il imprécis, en dehors des murs et des grilles élégamment blancs, plutôt inhabituels dans cette ville presque partout empreinte de la couleur brique…).

 

513 - Parallèlement (journal extime) (11)
513 - Parallèlement (journal extime) (11)
513 - Parallèlement (journal extime) (11)

Le musée qui y est aménagé retient assez inégalement mon attention. L’élégance de ces sculptures, dans leur élancement, entre autres objets, tissus, reconstitutions d’habitats nomades… la force toutefois un moment

513 - Parallèlement (journal extime) (11)

— tandis que les commentaires, abondants, dont je suis doté sous les espèces d’un porte-documents volumineux aux nombreuses pochettes plastiques qu’on m’a remis à l’entrée, plus ethnographiques qu’esthétiques (rien, il est vrai, n’est plus difficile que le commentaire esthétique — et je suis bien le premier à le savoir, qui m’y refuse autant que possible !) semble vouloir m’échapper des mains… Je m’applique autant que je peux à regarder, à défaut de toujours lire.

 

* * *

Je m’achète ensuite un portefeuille au cuir brun doux et lisse. Et m’interroge sur ce goût que j’ai depuis quelque temps de la couleur brune, chaussures, vêtements et sacs — et c’est bien parce que je ne l’ai pas trouvée que je ne me suis pas acheté de veste en velours côtelé que je leur aurais assortie. Enfant, j’aimais porter du brun, mais cela m’était passé. Je me suis longtemps dressé en noir, des pieds à la tête, depuis l’adolescence (bien sûr !) jusqu’à une date pas si ancienne. Ce n’est pas par amour de l’enfance en tout cas, époque d’une minorité qui m’a souvent paru difficile et blessante, que j'effectue ce retour au brun...

 

Les températures se sont singulièrement rafraîchies.

Il finit par pleuvoir en fin d’après-midi.

Comme le restaurant (où je vais pour la troisième fois) n’est pas encore ouvert, je me réfugie dans ce café-brasserie où j’écris quelques cartes postales, ce à quoi je ne sacrifie que rarement, tout bonnement parce que je n’y songe pas...

 

Je me sens un peu idiot de devoir chausser mes lunettes de soleil (dont les verres progressifs sont adaptés à ma presbytie) pour lire la carte dans les restaurants...

J’aurais dû me méfier de cette appellation de « moelleux au chocolat ». Ce qu’on me sert est, comme en France, cette chose réchauffée, dont le cœur est du chocolat chaud et liquide, lequel perd ainsi de ses qualités gustatives, tandis que l’ensemble se fait épais, pâteux, humide, tiède et collant au palais…

 

Et de mêmes interrogations qu’à mon départ sourdent. Pourquoi ne suis-je jamais vraiment comblé ? Cela tient-il à un tempérament ? ou est-ce un trait commun à chacun, cette aspiration sourde au bonheur qui ne trouve jamais d’épanouissement véritable ? Ou bien ces questions ne sont-elles qu’impressions du moment dues au fait d’un retour ici pas nécessairement judicieux... (Je m’irrite, en même temps que je me les formule, de ces considérations vaines…)

 

*  *  *

Rentrant sous une pluie battante, je me dis que, s’il était venu, Julien aurait eu la meilleure part de ce séjour (puisqu’il aurait fait retour le dimanche !).

 

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