753 - Romana saltatio (Paris-Rome-Paris) (11)
Romana saltatio
(Paris-Rome-Paris, 20 octobre – 2 novembre 2016)
Journal extime en écho
[Paris-Porto-Lisbonne, 10-23 février 2017]
XI
28 octobre
Matin
Je me suis levé tôt afin de visiter le forum dès l’ouverture du site.
(J’ai pris peu de notes à propos de cette journée : peut-être les lieux, le matin, étaient-ils aisés à identifier… et désarçonnaient-ils le commentaire
Tempio di Antonino e Faustina
— à ceci près que les fresques de Santa Maria Antiqua m’ont ému plus que le reste, dans leur profonde délicatesse, dans l’humanité toute sensible des personnages représentés, dont le regard paraît se poser sur le spectateur par-delà le temps qui a dégradé contours et coloris de leur pâle image.)
Après-midi
Autant j’ai trouvé émouvantes (donc) les fresques de Santa Maria Antiqua — je n’ai pas souvenir de les avoir vues lors de ma première visite —, autant — je mange un mauvais sandwich pour ne pas rentrer et le visiter dans la foulée — les Musei Capitolini me déçoivent.
Le Caravage qui reste (la Diseuse de bonne aventure, l’autre — le Saint Jean-Baptiste — s’étant échappé pour quelque exposition) n’est pas le plus impressionnant de ceux que j’ai vus ces jours derniers, ou même plus lointainement encore.
Encore ma déception, qui concerne surtout la peinture, est-elle relative. C’est ainsi que je m’abîme dans une impressionnante et gigantesque huile sur toile représentant le supplice de sainte Petronilla (censément la fille de saint Pierre [“perhaps in a moral sense”, précise, par précaution, le cartouche du musée]).
Parmi les œuvres non-fléchées, il y a aussi un Van Dyck représentant les deux frères Lucas et Cornelis de Wael.
Il y a encore un autoportrait de Vélasquez.
Diego Velázquez, Autoritratto © Internet
Il y a même, parmi les œuvres fléchées, une statue équestre de Marc-Aurèle assez impressionnante.
Dans une aile latérale, je visite une exposition (La Misericordia nell’arte) — et photographie un Guido Reni (dont je rate la prise) et une sculpture du Bernin :
* * *
Je découvre en passant le Palazzo Spada
et sa galerie en trompe-l’œil (« imaginée par Borromini », m’apprend le guide, qui « paraît mesurer 30 m de long et la statue au fond être de taille humaine » alors qu’« elle ne fait que 9 m […] et la statue 60 cm de hauteur ! »)
Je vais ensuite, toujours au hasard.
Une mouette, prise de pitié peut-être et pour le protéger (les oiseaux affectionnent les sommets des têtes), s’est perchée sur le crâne de Giordano Bruno Campo de’ Fiori à l'heure où marché s'achève…
Je m’amuse Piazza Farnese de ces calendriers aux prêtres et gladiateurs sexys dont on effeuille les mois à mesure — tout en songeant à part moi que, s’il fallait choisir (improbable idée), ma préférence irait davantage aux robes qu’aux jupettes !
Et je finis ma promenade par une incursion dans le cloître de Bramante. Il est tard, et la boutique de l’exposition Love. L’arte contemporanea incontra l’amore ne m’incite guère à visiter cette dernière
— et je m’en retourne donc me ramentevant Pia Colombo première interprète de la chanson Love, enfouie dans ma mémoire, écrite par Léo Ferré…