925 - Ricaduta italiana (XIII)
RÉCIDIVE ITALIENNE
Journal extime, automne 2018
(Paris, Venise - Ferrare - Bologne, Paris)
XIII
31 octobre
Matin
Je visite le Complesso di Santo Stefano. Cet ensemble architectural, en effet, est composé de cloîtres, chapelles, cours « qui lui ont valu le nom de “complexe des sept églises”, alors même qu’il n’en reste véritablement plus que quatre ».
Je commence par la Chiesa del Santo Sepolcro. Les photographies en sont floues en raison du peu de lumière : alors que je mets, solution ultime, cinquante centimes dans la fente de l’appareil destiné à l’éclairage des lieux, la pièce ne veut pas descendre, tant et si bien que je devrai me contenter de mes prises.
Je me rends ensuite à Santa Maria dei Servi.
La sacristie en est fermée, peut-être à cause du 1er novembre. Je visite, tout proche, de l'autre côté de la rue, le Museo Davia Bargellini, d’un intérêt inégal.
Je l’avais espéré, mais je n’y trouve pas de toilettes.
La Chiesa del Baraconna, plus éloignée, est fermée.
— Beaucoup de pas vains, ce matin, comme à Ferrare le dimanche précédent.
Heureusement, la Basilica di San Domenico est ouverte, qui mérite le détour important que j'aurai fait.
« Le chef-d’œuvre de la basilique Saint-Dominique, le tombeau du saint, a été réalisé par Nicola Pisano et ses élèves (XIIIe siècle), qui y ont représenté les principaux épisodes de la vie du saint […]. En 1469, les dominicains du couvent adjacent chargèrent un certain Niccolò di Puglia de concevoir un couronnement monumental pour le sarcophage. Bien qu’inachevée à sa mort, en 1496, l’œuvre valut la célébrité à l’artiste, qui prit alors le surnom de Niccolò [dell’Arca (si j’en crois du moins les trois cartes postales achetée à la sortie)] », me confirme le guide.
Si l’un des deux anges porte-flamme est de Niccolò di Puglia, l’autre, autrement moins diaphane — tout robuste —, a été sculpté par Michel-Ange.
Après-midi
La Basilique San Francesco n’étant pas encore ouverte, je décide de prendre une bière à la terrasse d’un café, sous des arcades, le temps s’y prêtant encore. Cela soulage aussi mon épaule du sac qu’elle porte. Il se met à pleuvoir et, bien entendu, je n’ai pas pris de parapluie.
Je ne pense à rien, qu’au présent, qui n’a guère de consistance.
L’heure d’ouverture étant venue, je retourne à San Francesco.
Le retable est non seulement lointain, mais mal éclairé.
Sur la foi du guide, je visite Santa Maria della Vita, dont le groupe de sculptures en terre cuite de Nicolò dell’Arca — je peux supposer que c’est le même sculpteur que celui du matin, même si son prénom est orthographié différemment dans le guide que sur les cartes postales achetées quelques heures auparavant —, le Compianto del Cristo Morto étonne plutôt qu’il ne ravit l’œil. Les trois Marie, en effet, ont l’air de trois hystériques que déchire la peine, non sans outrance ni laideur, même si le mouvement des postures en est possiblement admirable...
Après quoi, je parcours, autrement impressionné, l’Archiginnasio, son Teatro Anatomico et son Stabat Mater. Le premier, tout en bois, magnifique, console de n’avoir pas vu celui de Padoue.
Le second, grande salle de l’ancienne faculté de droit, s’est mué en intimidante salle de conférences.
Ce qu’on aperçoit de la bibliothèque municipale est d’un même degré de contentement pour l'œil.
* * *
La fatigue due aux pas inutiles du matin se fait soudainement sentir.
Je m’installe alors dans un café où je poursuis une conversation avec Paul, Marthe et T., que je sais attablés dans un café de ****. Ces mots en miroir nous amusent et anticipent, à leur façon, mon retour.
La nuit est déjà tombée — le passage à l’heure d’hiver dans la nuit de samedi à dimanche aggravant l’entrée dans l’obscurité, et ce, pour un bail de six mois — alors que je rentre me faire à dîner.