977 - Bouchons et galets (4)

Publié le par 1rΩm1

 

[in  memoriam  J.-M.]

     

977 - Bouchons et galets (4)

15 août [1986]

 

Anvers nous a bien plu.

Il y a eu, cependant, des incidents, assez désagréables.

 

Tout d’abord, au départ de Bruxelles, nous n’avions plus de batterie. Nous avions, heureusement, pris celle de Lindsay. Mais cela nous a passablement retardés.

A Anvers, nous avons garé le camping-car dans une rue assez étroite, derrière la gare ; après quoi, nous sommes allés explorer les lieux. Au retour, il n’y avait plus de camping-car !

Ce fut comme douche glacée. Je me suis imaginé reprenant le train jusque ****. Et cette pensée sonnait le glas de ces vacances, mises jusqu’alors sous le signe d’un bonheur simple, talentueux.

Nous sommes allés à la gare, où là, au bureau de police, l’on nous a expliqué, mais mal, comment aller au poste central.

J’étais très énervé et — en même temps — très abattu. L’humeur de Lindsay, elle, était égale : ce contraste était comme la réplique en miroir de mes tensions et conflits intérieurs.

Enfin, après nous être un peu fourvoyés du fait des renseignements imprécis qu’on nous avait donnés, nous avons vu le camping-car, puis le bureau de police.

 

L’explication de ceci ne peut être imputable qu’à une très grande bêtise. Car le camping-car [, beaucoup trop près des rails,] empêchait le tramway de passer. Nous y avons perdu 250 FB, c’est-à-dire 400 FF.

 

Depuis lors, mille autres petits incidents pénibles ont eu lieu, qui marquent nos différences de personnalité, entre Lindsay et moi. Ce qui l’énerve, ce dont il n’a cure semblent toujours venir en contrepoint de mes propres humeurs ou sentiments. Je découvre avec stupeur une forte propension à recomposer le réel qui avoisine la mythomanie. Nous avons perdu une demi-douzaine de fois notre route du fait d’itinéraires proprement délirants. Selon les cas, ces arrangements qu’il fait de la réalité et que je découvre pour la première fois sont soit drolatiques, soit irritants à l’extrême. [Et], dans tous les cas, tout ceci est fortement vécu comme la confrontation, où il entre quelque affrontement, de deux personnalités…

 

Bref, bref. Nous avons besoin de repos, je crois.

Le camping sauvage en Belgique et Hollande — où nous sommes à présent — est source de mille et une complications du fait du manque d’espace inculte, ou du manque d’accès. Nous achoppons sur mille petits problèmes matériels — que Lindsay travestit à coup de mille petits mensonges, qui sont ses ornements plus ou moins fantaisistes de la réalité.

C’est ce [dernier] Lindsay que j’aime. Mais que je connais mal. Je commence à en souffrir — et tout ceci est très idiot. J’en suis à espérer un grand courant d’air. Il ne viendra pas de moi, mais, comme toutes ces complications, de l’extérieur ; à moins que cela ne vienne de lui, car, sous tant d’indifférence, se dissimule une grande sensibilité. L’ennui, c’est que la mienne m’inhibe, ou qu’elle explose, et que, dans tous les cas, je n’attends rien de bien bon venant d’elle…

 

 

 

 

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