1200 - Journal de mon sommeil (3)
Journal de mon sommeil
(Journal extime, 19-21 juin 2021)
Work in progress
3
Dimanche 20 juin 2021
Résumé de la situation : Aurais-je eu raison d’accepter ces examens ?
Je sonne pour pouvoir être “débranché”. Mauvaise nouvelle : je serai à nouveau attaché après le petit-déjeuner. Je ne pourrai aller que du lit au fauteuil — comme les vieillards dans la chanson ! Je commence à regretter amèrement (je voulais écrire « profondément », et c’est « amèrement » qui est tombé de mon stylo) de m’être livré (cette fois, le mot est sans conteste) à pareilles expériences. Je manifeste un peu d’humeur à mon interlocutrice à ce propos.
Le petit-déjeuner, en outre, tarde. Je vais me remplir une bouteille d’eau. Surtout, je m'occupe à un nouvel aménagement de l’espace, devenu périmètre vital. Avec ma laisse de tout au plus deux mètres, je laisse le champ libre — l’expression confine à l’antiphrase ! — pour accueillir le plateau-repas sur la table roulante, positionne l’autre table et sa chaise non loin du lit. Ainsi je pourrai lire, écrire, regarder des DVD, dactylographier sur l’ordinateur…
Entre-temps, on m’a annoncé que je ferais les quatre tests (de sortes de siestes en cours de journée, vouées à la détente voire à l’endormissement) non pas sur deux jours, mais sur moins de vingt-quatre heures, de façon à que je puisse sortir plus tôt et pouvoir voir ma mère — j’avais parlé de cela à l’infirmière qui avait mené la veille le questionnaire d’entrée, et il semble que ce soit la même qui me parle —, et sois donc libéré le lendemain avant le début d’après-midi.
A huit heures, la « roulante » arrive enfin. Je mange, puis me brosse les dents, avant de sonner de nouveau.
Je me rends grâce à je ne sais quel saint voué à la protection des patients des hôpitaux : est-ce un oubli ? — mais l’on m’épargne l’appareil nasal destiné à mesurer la respiration lors de ce premier test, qui débute après qu’on a fermé le volet roulant, éteint la lumière et contrôlé que les capteurs oculaires fonctionnent (une autre aide-soignante [?] donne des ordres à distance par l’intermédiaire de la caméra-microphone pour des clignements d’œil, fermeture et réouverture de paupières et autres mouvements oculaires).
Le test dure vingt minutes, que je compte comme je crois qu’elles s’égrènent. Comme la veille, je constate des déglutitions longues et presque pénibles, toutes les soixante ou soixante-dix secondes, qui constituent des repères.
En vérité, la sieste expérimentale prend fin plus tôt que mes propres évaluations…
* * *
L’on me prévient alors que le prochain test aura lieu à 10 heures et demie. Et l’on me laisse libre d’évoluer d’ici là dans la chambre et le cabinet de toilette…
Entre-temps, j’écris ces lignes-ci. (Sur l’ordinateur portable, les documents que j’ai enregistrés ne sont accessibles qu'à la lecture, ce qui, sur le moment, me contrarie beaucoup.)
Après cette “simili sieste”, je téléphone à mon père pour lui dire qu’éventuellement j’irai par mes propres moyens et à pied visiter ma mère le lendemain.
Comme le téléphonage fait passer le temps, je laisse un message sur le répondeur de B., apparemment absente, puis à Marthe, à qui je parle des chenilles processionnaires. Elle dit qu’elle tient là de quoi de réfuter les accusations de Paul, qui attribuait à des piqûres de puces, hôtesses indésirables de ses trois chattes (à elle), la rangée de boutons rouges s’étalant sur son bras (à lui). Je conclus par plaisanterie que je suis donc ravi d’apporter ainsi la paix au sein du ménage [et de la ménagerie — mais cela ne me vient que par esprit d’escalier, et je n’oserais naturellement le dire à Marthe !].
Entre-temps, T. a envoyé un message.
— Ainsi la matinée se contracte-t-elle, d’autant que l’on mange tôt à l’hôpital : un nouveau plateau-repas nous est livré à 11 heures 45...
(à suivre)