645 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (24)

Publié le par 1rΩm1

 

À  pas  dansés  

(Paris, Bratislava, Vienne, Paris)

Journal extime (24 juillet-12 août 2015)

 

10 août

Autre journée passée à ne rien faire — ou presque.

Les oreilles ne vont guère mieux. La sensation qu’elles sont bouchées, spécialement la droite, ne passe pas, et la douleur que je ressens dans le conduit auriculaire, non plus.

 

J’envoie un courriel pour l’anniversaire de T. J’achète l’après-midi le Désordre Azerty d’Eric Chevillard, dont la lecture m’a beaucoup amusé — et dont je crois qu’elle devrait lui plaire aussi.

Je rentre doucement à pied du Boulevard Saint-Michel jusque chez Judith.

 

Soir

J’ai donné rendez-vous à N*** au B***. François, le serveur, n’est pas là. J’en ai quelque regret : il m’aurait amusé de savoir ce qu’il avait pensé du numéro de Duncan la veille…

 

N*** est bientôt là, en bermuda et tee-shirt blanc — comme la fois précédente, si ma mémoire est juste. Il me tend le coupe-ongles que, dans un SMS, à l’instar du chatterton et du clou demandés à Aymeric quelques temps auparavant et dont j’ai parlé déjà, n’en ayant pas trouvé chez Judith, je lui avais demandé de m’apporter.

 

Il est toujours dans le sevrage du tabac. Il me répète, non sans humour, que le plus difficile est de se priver de cannabis.

Il me rapporte la mort d’un artiste aquariophile, un Japonais (dont je n’ai pas retenu le nom). L’aquarium dont il m’avait parlé en juillet est achevé, mais reste vide de poissons.

F., celui que j’appelle « la laideur intéressante » — ce que me rappelle N***, car j’avais oublié ce détail —, envoie un SMS : N*** doit garder sa perruche (dont je n’ai pas retenu le nom). N*** devra abréger sa soirée : il partira vers 23 heures 30, me dit-il. En vérité, je n’escomptais pas le voir plus longtemps.

 

Jeff joue dans une pièce de théâtre, ce dont il est content. Ils sont trois comédiens, cependant, à se partager le rôle.

De son côté, il n’a pas respecté sa part de contrat, obtenue contre le sevrage de cigarettes : il n’est pas parvenu à se priver de sucreries. Il est donc toujours en surpoids (90 kilos pour 1 mètre 80, me précise N***). Comme Duncan d’Antonin la veille, N*** me montre une photo. Je trouve à Jeff un visage sympathique.

 

Précisément, je raconte assez longuement ma soirée avec Duncan, ce pour quoi N***, qui sait mon faible et en comprend les arcanes, se montre bon public — plus de Duncan sans doute d’ailleurs, que de mes talents d’orateur !

 

N*** commente aussi l’envoi de photographies que je lui avais fait à mon retour de Vienne. Apparemment, l’histoire du perroquet de Haydn lui a plu. Il est incapable de me dire — d’ailleurs, il me le demande — ce que signifie la plaque en hébreu que j’ai photographiée à Bratislava (je croyais de mon côté qu’il avait quelques notions de la langue hébraïque, puisque, la première fois que nous nous sommes rencontrés, il avait apostrophé un Juif américain qui arborait un tatouage en hébreu sur le bras — épisode dont, lorsque je l’évoque, N*** ne se souvient absolument pas).

 

N*** hèle le serveur et commande un second verre. Je devrai le presser d’achever : nous avons à faire quelques courses ; or, le supermarché ferme à 21 heures.

De fait, le rideau se baisse au moment où nous entrons.

Je choisis une bouteille de vin. N*** refuse ma proposition d’un cheese-cake au citron : il ne supporte pas bien l’aigreur du citron (je note mentalement le fait, afin de me le rappeler).

Pour gagner du temps, nous passons aux caisses automatiques, dont N*** ne semble pas familier.

 

Nous dînons chez Judith. Alors que j’exhibe triomphalement une bouteille de Jack Daniel’s, il me dit ne plus boire de whisky (de cela, il faudra me souvenir aussi !) : j’avais acheté la bouteille pour lui — et comptais d’ailleurs la lui offrir…

645 - À pas dansés (Paris-Bratislava-Vienne-Paris) (24)

Nous avons un petit échange amusant sur le tri sélectif au moment où je jette le bocal qui a contenu la ratatouille… En vérité, nous accordons nos préoccupations écologiques à peu près de la même façon, en opérant un tri raisonnable — et tout en déplorant que certaines compagnies nous fassent ainsi travailler pour elles, engrangeant ainsi de substantiels bénéfices…

 

Nous passons une agréable soirée. Le vin est bon, le dessert choisi par N***, également.

Nous évoquons la disparition de GayAttitude. N*** avait pensé que le site renaîtrait peut-être de ses cendres. En tout cas, lui n’écrit plus. Il ne m’écrit plus non plus — et je regrette les deux faits car j’avais plaisir à le lire dans l’un et l’autre cas. Mais, comme j’y vois un bon office de Jeff, que la photo de Jeff, la voix entendue la veille, ont tout mon agrément (!), je m’en console en partie.

D’ailleurs, je m’amuse, alors que, lui rappelant son rendez-vous avec F. — qu’il semblait avoir parfaitement oublié —, nous nous apprêtons à partir, du petit ventre que je discerne alors que N*** me fait face debout — et que je flatte. Il soulève alors son tee-shirt, ce qui me rappelle une autre soirée (avec F., précisément !)… De convexe alors, le ventre est devenu plutôt concave. N*** prétend que c’est le repas du soir… Mais, en vérité, à la terrasse du café, il m’avait déjà paru voir cet embonpoint, mot que je prends dans son sens littéral et qui confirme, ce qu’il m’avait dit d’ailleurs, qu’il a pris du poids. En vérité, je trouve N*** apaisé, assez épanoui.

 

A peine nous sommes-nous quittés que je songe ne pas lui avoir rendu le coupe-ongles que je lui avais demandé d’apporter — et dont j’ai oublié de me servir…

 

Devant la porte d’immeuble du pavillon en second corps de bâtiment où habitent Judith et N., je rejoue un air déjà connu : sans mes lunettes, imprudemment oubliées, impossible de retrouver la bonne disposition des chiffres pour composer le code d’entrée…

Une lumière filtre à travers les volets du voisin du rez-de-chaussée. Je me résous à tambouriner aux persiennes pour me faire ouvrir. Je suis reçu un peu fraîchement, ce que je peux d’ailleurs parfaitement concevoir. Mais, enfin, on m’ouvre, ce qui, toutes excuses bredouillées, constitue l’essentiel...

 

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